Un nouveau témoignage vient s’ajouter à cette belle série que j’ai lancé il y a peu… l’idée étant de vous donner une vision réaliste sur l’expatriation au Canada et surtout, un retour d’expérience de profils différents à travers le Canada. Pour ce témoignage-ci, il s’agit de la famille Brocard qui vit à Québec depuis maintenant 8 ans.
À lire ou à relire:
- Caroline et Frédéric en PVT dans la Région de Charlevoix, QC
- Entre Permis d’Études et Permis de Travail à Montréal, QC
- Manon et Luc, deux Toulousains installés à Montréal, QC
- Jérôme & Chloé Impatients de Quitter Montréal !
- Pauline évoque le problème du manque d’heures de travail
Je m’appelle Cathy Brocard, nous sommes une famille de 5, mon mari Christophe et nos 3 enfants Julien, Zoé et Léa. Nous sommes arrivés en juin 2011 avec le statut de résident permanent car nous avons fait les démarches avant de partir (à notre arrivée les enfants avaient 13, 11 et 8 ans). Nous habitions à Paris et nous avons pris la décision de partir en 2008 au moment de la crise économique, nous étions propriétaires d’un commerce et nous l’avons vendu avec pour objectif de changer de vie, nous cherchions un lieu pas trop loin de la France et francophone, le Canada nous attirait pour ses grands espaces, la nature et, la vie qui semblait y être simple et moins conflictuelle qu’en France. Après deux ans de démarches administratives, nous sommes partis valider nos visas en février 2011 avant de revenir nous installer définitivement en juin 2011.
Nous sommes tout de suite tombés en amour avec les grands espaces, la nature à portée de main (nous aimons la randonnée) et la gentillesse des gens : rarement des cris, pas de klaxon à tout va, apràs Paris quel changement, très vite j’ai vu mon niveau de stress baisser, le côté securitaire de la ville de Quebec aussi wahooo.
Mais très vite je me suis questionnée sur la qualité des rapports humains et leur côté un peu ”faux”. Au début beaucoup de gens nous parlaient, nous posaient des questions, ils étaient curieux de connaître notre parcours, mais ces memes personnes, une fois qu’on avait repondu à leurs questions, pouvaient nous ignorer totalement quelques semaines plus tard… C’était surprenant mais je n’y accordais pas plus d’importance. Le vrai gouffre pour moi a été au bout d’un ou deux ans quand la lune de miel s’est terminée… J’ai trouvé à ce moment-là que le manque des amis et de la famille se faisait ressentir, ce sentiment quand tu es fatigué, que tu as des difficultés (au travail, les enfants ou financières), qu’il fait -30, qu’il y a beaucoup de neige et que tu n’arrives toujours pas à faire ton épicerie en moins de 10 minutes que tu ne trouves pas tes produits, que tu ne sais toujours pas où faire refaire une clé ou remplir ta feuille d’impôt… ce bout là est difficile et naturellement tu as besoin de reconfort, de sortir, de voir du monde, mais il n’y a personne et, tu restes cloîtré dans ton appart, en famille, cette famille que tu aimes profondément mais qui commence à te taper sur les nerfs vue que tu ne vois qu’elle…
Je compare souvent notre immigration à une expérience qu’a fait la Nasa en 2017 à Hawaï. Je ne sais pas si tu en as entendu parlé, ils ont fait une expérience qui a duré un an en vue de faire des études avant d’envoyer des gens vivre sur Mars, ils ont enfermé sous un dôme 15 personnes je crois, coupés du monde, en parfaite autarcie, au bout d’un an quand il sont sortis la plupart de leurs témoignages etaient les mêmes. Le plus difficile à été de se retrouver seuls avec toujours les mêmes personnes, de ne jamais pouvoir échanger avec d’autres, avec famille et amis.
C’est exactement ce que j’ai ressentie, une isolation totale, et j’ai vu cette isolation totale faire exploser beaucoup de couples autour de moi ou les faire rentrer en France.
On me disait à chaque fois: “ben oui, ben fais toi des amis!” ahahhaha, je n’y avais pas pensé lol…
Les codes sociaux et les relations ne sont pas les mêmes et, il n’existe rien ni personne pour t’aider pour ça… Après les québécois disent que les immigrants restent entre eux, qu’ils ne s’intègrent pas… Du coup, au bout d’un moment tu te retournes vers ta communauté, tu n’as pas le choix, tu as besoin d’exister socialement, alors tu connectes et tu sors avec des gens issues de l’immigration, mais le plus triste dans tout ça, c’est que tu te mets à fréquenter des gens que tu n’aurais pas fréquenté si tu étais en France…
La ville de Québec est très dure avec l’immigration. Au début, j’ai souvent eu des réflexions à caractere raciste. Ce qui est triste c’est que le gouvernement fait une politique de communication autour de TOUT ce qu’il fait de bien pour nous accompagner et nous trouver du travail… mais la realité ?
L’équivalence des diplômes est quasiment inexistante ou peu adéquat, il est surtout là le VRAI problème, parce que du travail il y en a avec des taux de chômage approchant le plein emploi !
Alors quand je repense aux réunions auxquels j’ai assisté à Paris me vendant le Canada comme la meilleure destination du monde je dirais oui mais attention, une immigraiton ce n’est pas seulement trouver un toit et un boulot !
J’ai déjà vécu en Afrique et je suis quelqu’un de très ouvert, prêt à m’adapter à de nouvelles situations, mais je n’avais pas évalué à quel point j’allais avoir besoin de m’intégrer plus socialement. Alors c’est certain qu’en arrivant à 39 ans avec des enfants déjà grands, ça n’aide pas à nouer des liens mais quand même…
Autre point vraiment fatiguant au travail : leur incapacité à accepter le conflit… vraiment fatiguant… je suis directrice de commerce et le management c’est quelque chose ici… mais bon, il y a moins de conflits inutiles ou de ”Boss attitude”, donc c’est plutôt bien au final, il faut juste apprendre à composer.
Nous ne pensons pas quitter le Canada, la vie de nos enfants est ici maintenant mais ne jamais dire jamais, nous avons la bougeotte !!!
Avant de partir, je conseille de:
- Venir en plein hiver pour réaliser qu’on n’est pas à la Plagne, la game est vraiment différente.
- Connecter avec des immigrants installés (via blogs…) pour avoir la VRAIE version de la vie ici.
- Définir vos besoins (ville, campagne, vie nocturne etc…) avant de faire un choix de destination.
- Garder l’esprit ouvert, rien ne se passera comme en France et soyez pret à adopter un nouveau rythme de vie.
- Faire du bénévolat, rencontrer des gens, connectez-vous avec le monde autour de vous. Enfin si vous croyez partir dans un pays similaire à la France détrompez vous tout est différent, même le français n’est pas le même.
C’était mon histoire sur mon immigration, je suis bien contente que tu prennes la parole à travers cette série de témoignage sur ton blog, il y en a marre de lire les sujets du type de celui de l’Express qui ne veut montrer qu’une version de l’histoire…
Je tiens à remercier Cathy Brocard qui a pris le temps de partager son histoire avec nous et j’espère que ses conseils vous seront bénéfiques. Je vous invite à regarder son TEDx ci-dessous. Vous pouvez également la suivre et la contacter sur son Instagram.
À très vite pour un prochain témoignage d’expatrié français !
Ferdy ♡
Et oui, l’immigration n’est jamais de tout repos!
C’est très important de ne pas se voiler la face et de bien comprendre quelles difficultés on va pouvoir rencontrer.
Piouuuu. Merci de ton témoignage qui permet de remettre les pendules à l’heure à quelques semaines de mon départ !
Léa/cocotteandcaribou.com
C’est interessant de voir d’autres temoignages comme celui-ci. Je suis partie il y a 13 ans en Ecosse (!!!!) du coup j’oublie parfois un peu les difficultes et comment c’etait en France. S’expatrier c’est difficile, mais tellement enrichissant
Encore un témoignage très avéré du choc culturel qu’on trouve au Québec. Professionnel et Social: qu’on arrête de se fier à la légendaire “chaleur et convivialité”. C’est faux. C’est
On se retrouve bien à travers ces écrits et ça fait du bien, ça rassure!
Bonjour, voici un beau témoignage rempli de vérité. J’apprécie vraiment ces partages de témoignages sans filtre, c’est une super idée :-), Merci
Merci beaucoup pour cette série de témoignages qui est fort intéressante.
Quand je lis la série de témoignages je dois dire que je suis assez surprise par certains faits comme les remarques racistes qui ressortent sur plusieurs témoignages. Je ne pensais pas que c’était aussi courant que ça. En tout cas j’y ai été assez peu ou pas confrontée depuis mon arrivée. Je m’estime chanceuse maintenant !
Pour les difficultés à tisser des liens j’ai trouvé dans mon cas que le plus gros facteur reste la diminution des opportunités selon la situation où on est rendu dans sa vie (étudiant vs travailleur par exemple) plus que la différence culturelle. Quoi qu’il en soit c’est bien vrai qu’il ne faut pas sous-estimer ce facteur quand on s’apprête à déménager à l’étranger.
J’ai quitté Montréal il y a plus de cinq ans et c’était deja le cas… mais avec tous les temoignages que je recois faut croire que ça s’est empiré depuis…
Je n’ai jamais été très attirée par Montréal et j’avoue que quand je lis ça, ça ne me donne pas plus envie d’y vivre.
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