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[Témoignage] Un Parcours Semé d’Embûches pour Laura à Toronto, ON


Un nouveau témoignage vient s’ajouter à cette belle série que j’ai lancé fin 2019. L’idée étant de vous donner une vision réaliste sur l’expatriation au Canada et surtout, un retour d’expérience de profils différents à travers le Canada. Découvrez le témoignage très touchant de Laura, il m’a énormément touché et je pense qu’il ne vous laissera pas indifférent. Laura est une jeune femme très courageuse qui a passé plusieurs épreuves durant ses premières années à Toronto…


À lire ou à relire:

  1. Caroline et Frédéric en PVT dans la Région de Charlevoix, QC
  2. Entre Permis d’Études et Permis de Travail à Montréal, QC
  3. Manon et Luc, deux Toulousains installés à Montréal, QC
  4. Jérôme & Chloé Impatients de Quitter Montréal !
  5. Pauline évoque le problème du manque d’heures de travail
  6. Le Problème De l’Isolement Social, La Famille Brocard Raconte…
  7. Une Double Immigration pour Morgane, Après Montréal, Vancouver !
  8. Après Deux Reconversions Professionnelles, Cap vers Montréal ! La Famille Delvallez raconte…
  9. Valentine, à Whistler, BC
  10. Léa, future Expatriée au Canada, la préparation et le financement du projet.
  11. D’un PVT Imprévisible à Une Demande De Résidence : Le Parcours Plein de Surprises De Khalida Et Sa Famille
  12. Loubna & Grégory Vivent au Manitoba Depuis 4 ans…
  13. Après Avoir Tout Essayé Pendant Un An à Montréal, Cap Vers Vancouver Pour Élodie & Dahdjim
  14. Marie a choisi l’ouest canadien. Après l’Alberta, le Yukon !
  15. Astrid du Blog Fringinto vit à Toronto, ON


Moi c’est Laura, 32 ans originaire de Toulouse, je suis arrivée à Toronto en Juin 2016.

La Richesse Culturelle

Ce qui m’a choqué en premier c’est l’architecture dans son ensemble coincée dans les années 80. Et puis, plus on découvre, plus on s’aperçoit de la richesse architecturale de la ville avec ses petites rues aux maisons victoriennes type Palmerston, Annex… Il y a toute l’influence british néo-gothique avec l’université autour de Queens park et st Georges.

Les cultures sont diverses et se retrouvent dans les 6 millions restaurants de la ville. On peut facilement converser avec des personnes venant des 4 coins du monde. Tous les styles sont là, les punk, les goth, les emo, les hispters, les cravates…. On peut s’habiller avec un sac poubelle personne ne vous remarquera ni vous jugera.
Je trouve que l’intégration des ethnies et des genres se font vachement plus facilement qu’en France où l’homophobie et le racisme (si le terme est bon) se manifestent beaucoup plus.
J’ai été donc émerveillée de pouvoir me balader en pyjamas avec les cheveux orange fluo sans que personne ne me remarque. À part évidemment mes potes français qui avaient BEAUCOUP de commentaires à faire à mon égard. (Ces gens-là ont été gentiment sorti de mon entourage).
L’expatriation c’est aussi ça on se fait des amis très vite mais on les perd vite aussi. Je pense que j’avais un besoin de garder cette identité francophone et d’avoir des gens qui comprenaient des références comme Florence foresti et 2Be3.
Après j’suis assez calée en anglais après 2 ans en Australie et 3 ans à Toronto pour savoir faire rire dans une autre langue. Je me suis fait pas mal de pote canadien en bossant dans la restauration (mon métier de base on y reviendra), j’ai gardé je pense, autant d’amitié sincère avec des canadiens qu’avec des français. Alors oui, il y a toujours une différence culturelle et nous français, pouvons parfois choquer avec notre humour au second degré, sarcastique à mort… mais si on a un minimum de bon sens on peux faire rire sans blesser.

L’Entraide entre Nouveaux Arrivants

Je donne régulièrement des conseils aux nouveaux arrivants, je pense être très présente sur les groupes des expats français, j’en ai même créé un réservé aux femmes francophones avec plus de 900 membres, je suis assez contente. Je ne peux pas dire fière, car je ne l’ai pas créé pour moi mais plutôt pour désengorger les groupes déjà existants de questions tels que : budget et coiffeur femmes, gynéco, grossesse, question pilule, questions sécurité des femmes… et ça a bien pris donc je suis assez contente.

Je donne beaucoup de conseils sur comment trouver un logement car c’est la guerre à Toronto, il ne faut pas se leurrer. J’ai été EXTRÊMEMENT chanceuse dans toutes mes recherches même si il m’a fallu 17 visites pour l’avant dernier appart où j’ai vécu et 8 pour le dernier où je vis depuis 2 ans avec une coloc canadienne (girlfriend de mon ancien coloc). Elle est fantastique, nos rythmes et styles de vie s’accordent en harmonie, et on prend soin l’une de l’autre. Oui c’est compliqué de trouver un appart, il y a pas mal de techniques pour augmenter ses chances tout de même, il y a une multitude de pages Facebook et de sites internet à prendre en compte, les affiches View it dans la rue, le bouche à oreille…

Joe (mon admin sur le groupe des filles et coordinatrice sur une des pages de français) et moi-même avons créé un article hyper structuré et j’ose espérer complet pour pouvoir en faire bénéficier les nouveaux arrivants afin de bien cibler leurs recherches.

Le Système Médical et ma Santé

Concernant la OHIP c’est quand même formidable que même en étant ni résidant ni citoyen on puisse y avoir accès ! Alors oui, la majorité des nouveaux arrivants ne savent pas ce que c’est, ni qu’ils y ont le droit car ils se sont mal renseignés.
Le système médical est certes différent du français mais tout aussi efficace. Je suis malade une fois par an et encore contre 6 à 8 fois quand je vivais en France où mon médecin et ma mère (que j’adore) m’ont gavé de médoc depuis mon plus jeune âge.

Par contre ici, j’ai réalisé que j’avais des gros soucis de santé surtout lié au fait d’être une femme (vive les fibroids…ou pas) mais la prise en charge est tout le suivi (malgré le fait de ne pas avoir un médecin traitant) est fait. Ça a pris du temps mais je suis maintenant suivie par des médecins vraiment à l’écoute ça aide énormément.
J’ai dû également faire face à une dépression pour la deuxième fois de ma vie, pas parce que je suis à l’étranger mais parce qu’on est loin de tout ce qu’on a connu pendant tant d’années. On se pose de vraies questions, on réalise qui on est, qui on devient sans se voir à travers les yeux de nos amis et de notre famille, mais à travers les nôtres. On apprend enfin à se connaître.
La version de Laura en France je ne l’aime pas. Elle était jugementale à chier, ne savait pas vraiment sur quel pied danser, elle était beaucoup endoctrinée par les dires de la famille, de l’entourage, des médias…
Ici, j’ai pris le temps de faire le tri, de faire ce qu’il me plait dans le sens où n’étant pas jugé je ne me permets pas de Juger non plus. Ici, ce n’est pas chez-moi, et pourtant, si, c’est chez moi, mais les “autres gens” étaient là avant moi alors je DOIS m’adapter à Toronto, en aucun cas Toronto doit s’adapter à moi.

Le Travail, un Long Combat…

Je travaille dans la restauration depuis que j’ai 18 ans mais j’ai grandi dans ce monde passionnée par la bouffe soyons honnêtes. Diplômée du Lycée hôtelier, la formation la plus complète de l’hôtellerie & restauration.
Ici, il faut se l’avouer ce n’est pas un vrai métier.
Mon premier travail, j’étais payé avec des chèques en bois une fois sur deux, je devais choisir si j’utilisais mes tips pour le loyer ou la bouffe… Ça a failli partir mal mais karma, l’ancien manager du Point Bar qui avait refilé le bébé à un autre français, me dit que ce dernier cherche un restaurant manager. Bim je décroche le poste, on bosse comme des dingues pour remettre la baraque à flot et on ouvre Le Coq Of The Walk. Je fais le taf, mes chiffres augmentent, je fidélise la clientèle (parmi ces gens se glisseront des amitiés qui durent toujours).
Et puis…je me suis fais VIRÉE pour la première fois de ma vie, non pas pour faute mais parce que le Chef demissiona et qu’il n’y avait plus de cuisine donc plus de restaurant..
J’enchaine, j’ai trois boulots pour payer mon loyer et ma bouffe. Puis quatre, Le Baratin me contacte pour un shift par semaine le mardi car ils connaissent une montée de business.
Quatre mois plus tard, je signe pour être serveuse à temps-plein. Je lâche mes trois autres boulots et je dors enfin, je peux respirer, j’ai de quoi vivre.
Au bout d’un an, j’obtiens une promotion, je deviens manager. Fierté absolue !!! Mon boss me signe ma Mobilité francophone, je passe AGM (Assistant General Manager) ! Whaaaaaaaaaaat ?!!!
Mes copines font péter le champagne, je ne dors plus à nouveau , trop de stress , trop d’anxiété trop d’attachement…

Un an plus tard je suis toujours au Baratin, j’adore mon taf, mon équipe, mes clients, mes outils de travail, et pourtant je suis toujours aussi stressée, et je veux faire plus, et je suis trop attachée à ici, à ce boulot à mon appart à ma vie ici.

On bosse dur et ça paye!

Je rêve d’autres choses…

Ma résidence permanente est lancée, je vais commencer une thérapie qui me permettra de prendre un peu de recul et étendre mes perspectives, je fais le tri dans “les amis”, je m’ouvre au monde je cherche un projet sur lequel me greffer (construction de puits en Afrique, aller enseigner aux enfants en Colombie, nettoyer les plages en Thaïlande…

Quelque chose, j’ai besoin de quelque chose de plus grand que moi de plus grand que tout ce que j’ai pu faire jusqu’à maintenant.
Dans 5 ans, je me vois plus en campagne (Hamilton pour moi c’est un peu la campagne).
Je deviens une adulte à 32 ans, je n’étais pas prête…


Je tiens à remercier énormément Laura qui a prit le temps de partager son histoire avec nous et j’espère que ses conseils vous seront bénéfiques. Je vous invite à rejoindre le groupe facebook Les francophones de Toronto au Féminin qu’elle a crée pour traiter tous les sujets propres à nous les femmes. À très vite pour un prochain témoignage d’expatrié français !

Ferdy ♡

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