Cela fait sept ans que je vis au Canada, mais en vérité j’ai quitté le cocon familial depuis bien longtemps. Cela fera bientôt 10 ans que je vis à l’étranger et que je dois gérer, supporter, vivre avec la distance. Je pourrais utiliser plus de verbe pour définir ma relation avec la distance, car tu vas le comprendre c’est un élément capital de l’expatriation !
Lorsque l’on décide de partir et vivre dans un autre pays qu’il soit proche ou à l’autre bout de la terre, je pense qu’on ne mesure pas l’impact de la distance lors d’une expatriation. Ça reste très éphémère, ça l’a été pour mon cas en tout cas. Le Canada est pour moi la plus longue expatriation jusqu’à date. Si au début c’était un peu difficile à vivre, j’ai beaucoup plus de mal maintenant. Au début, j’étais dans l’excitation de la découverte et dans le défi de l’intégration. Faire ma place aussi bien dans ma vie pro que perso me prenait un temps fou alors je n’avais pas trop de temps pour avoir le cafard. Très rapidement j’ai dû adopter une routine pour rejoindre ma famille et rester en contact avec mes amis.
À l’époque je vivais à Montréal, c’est 6 heures de différence avec Paris ! Je ne travaillais pas et je pouvais facilement communiquer avec mes proches via Viber ou Skype. Et puis, très rapidement le téléphone ne suffisait plus, j’avais beaucoup trop de choses à partager et surtout à montrer ! Ma famille n’était jamais venu au Canada et je prenais des tonnes de photos et de vidéos.
C’est ainsi donc que j’ai commencé ce blog, afin qu’ils suivent mes aventures dans le pays des caribous. C’était trop cool et puis rapidement j’ai créé un deuxième blog pour partager mes recettes de cuisine car c’était tout nouveau aussi, la cuisine. Quand tout va bien c’est sympa, la distance est gérable ! Bien sûr, nos proches nous manquent mais les réseaux sociaux et les multiples applications smartphone gratuites permettent quand même d’atténuer le manque mais… lorsque ça ne va pas et que tu fonds en larmes comme une madeleine parce que t’es à bout, que tu n’en peut plus et que tu veux juste être avec ta famille et qu’en plus, ça t’arrive à 20h et qu’il est 2h du mat’ à Paris je peux te dire que tu pleures encore plus fort !! Alors qu’est-ce que je fais ? Je prends mon gros manteau, mes bottes et je fais le pâté de maisons par -20 degrés pendant un petit quart d’heure et comme par magie le froid congèle mon coup de blues !! 😂
Non mais sérieusement, j’utilise un peu d’humour pour dédramatiser mais c’est vraiment difficile par moments… et on gère ces coups de blues comme on peut !
Lorsque je suis venu vivre en Alberta en 2014, j’ai augmenté la difficulté pour rester en contact avec ma famille puisque je me suis éloignée.. 5h de vol de Montréal et c’est maintenant 8h de différence avec Paris que je dois gérer.. eh bien c’est simple, je ne peux parler avec ma famille que le matin lorsque je me rends au travail… 7h pour moi avec ma voix rock et 15h pour Paris. J’ai du mal à avoir mon père car c’est l’heure de sa sieste quotidienne et avec un peu de chance j’arrive à parler avec ma mère ! Ma deuxième option ? À la fin de ma journée de travail mais il est déjà 23h-minuit à Paris…
Je partage des capsules de mon quotidien sur les story instagram et cela permet à mes proches de vivre un peu mon quotidien malgré le décalage et la distance. Si les petites choses de la vie quotidienne, j’arrive à les vivre virtuellement avec eux il est hors de question de manquer les grandes occasions ! C’est ainsi qu’en Octobre 2016, je suis rentré exprès pour rencontrer mon petit neveu qui avait à peine un mois. Un an après ? En Octobre 2017, c’était pour assister au mariage de ma petite soeur ! Malgré le manque de vacances au Canada (dix jours payés), mon patron est compréhensif et me laisse partir pour plus longtemps, l’Europe c’est loin et puis la famille c’est tout ! J’aime cette place que la famille prend ici, c’est prioritaire et non négociable ! En 2018, pour la première fois depuis mon installation au Canada, je ne suis pas allé en France, ayant choisi de consumer nos vacances pour découvrir le Japon ! Une décision qui a été très difficile à prendre.. Cela fait maintenant deux ans que je n’ai pas vu mon papa.. il me tarde de le serrer dans mes bras ainsi que chaque membre de ma famille et ce moment sera dans à peine six semaines…
Une des raisons pour laquelle je quitterai le Canada un jour sera pour la distance ! Oui, je suis bien ici, mais de l’autre côté, je manque beaucoup trop de choses bien plus importantes que de vivre au Canada…
« Cet article participe au RDV #HistoiresExpatriées organisé par le blog L’occhio di Lucie – Ce thème a été proposé par la marraine du mois de Août, Kelly du blog Lily’s Road.
Très bel article et témoignage ! De notre côté, cela va faire 1 an que nous n’avons pas vu nos familles (c’est peu comparé à toi !) et je ressens déjà énormément le manque ! D’un autre côté, j’ai l’impression que les liens familiaux se resserrent car chaque instant partagé (un coup de téléphone, un mail) deviennent d’autant plus précieux ! J’ai osé dire des choses à mes parents que je n’avais jamais dites quand j’étais en France par exemple 🙂 En tout cas, je te souhaite plein de courage pour gérer cette distance et pour les coups durs !
Je me retrouve dans ce que tu dis, c’est vrai que lorsqu’on va en France on fait tellement de choses, c’est intense, on veut juste ratrapper les moments perdus… et quand ils viennent me voir je me dit que je fais avec eux ce que peut-etre ne ferai pas si j’etais en France…
Quel article Ferdy ! Du détail, des ressentis que j’ai aussi (comme beaucoup qui vivent loin j’imagine) et une belle sincérité. J’aime le fait que tu appréhendes l’amplification des coups de blues ! J’aime surtout ton remède ! Rien de tel qu’un -20° pendant 15 minutes pour se remettre les idées en place. Finalement, quand tu habites dans un autre pays, j’ai l’impression que tout est beaucoup plus fort : des liens d’amitiés se créent plus facilement, les bons moments sont excellents et les mauvais sont pires… Bref, c’est pas toujours tout rose de vivre ailleurs que dans son pays natal !
les sentiments sont extremes en effet ! Mais bon en attendant voyons le cote positif de l’immigration il le faut sinon personne ne quitterait son pays natal !!
[…] Ferdy, au Canada (Edmonton) ; […]
[…] Ferdy depuis le Canada (Edmonton) […]
Une petite balade par -20° pour lutter contre le mal du pays, c’est original comme méthode ! 😉 Merci pour ton témoignage et je veux bien croire que le décalage horaire complique tout car tu perds la spontanéité des échanges.
Oui c’est certain on raconte tout en decallé 🙂
[…] – Pauline en Corée du sud – Barbara au Costa Rica – Aurore au Canada – Fredy au Canada […]
Quel bel article et beau témoignage qui fait état d’une situation que certains traversent par moment. J’ai l’impression que cela est plus fort si les liens familiaux et amicaux étaient très fort avec les personnes qui manquent. Du moins, c’est l’impression que j’ai eu en lisant, outre le tien, les témoignages d’autres français ayant immigré au Canada. Et, dans certains cas, ça a été le facteur pour rentrer.
En tout cas, bon courage Ferdy
[…] Catherine en Allemagne. Pauline en Corée du sud. Barbara au Costa Rica. Aurore au Canada – Fredy au Canada […]